moi aussi j'aurais été curieux de savoir quels étaient les propos de Snuff machin. Si quelqu'un peut m'en informer ...
Il est important de saluer la patience de Dfec ; ça confine à l'héroïsme. Je le rejoins dans ses propos, et son exemple m'encourage à prolonger un peu le débat, avec ceux bien sûr qui veulent bien se donner la peine d'essayer de comprendre ce qui se passe, qui s'interrogent, bref qui profitent de leur recul pour réfléchir et discuter posément.
Evidemment, les jeunes qui crament leur banlieue se pénalisent eux-mêmes ; tout ceci parait illogique, mais va-t-on chercher de la logique dans le désespoir ? On pourrait éventuellement comparer ce comportement avec le suicide ; ne croyant plus en rien, qu'ont ils à perdre ?
Ils brûlent une école, c'est clairement désespérant. Mais ce qui est désolant, vraiment, n'est ce pas de s'apercevoir que l'école a perdu tout crédit à leurs yeux? Elle, qui devait être un ascenseur social, est devenue l'élément majeur de reproduction sociale. Le symbole de l'intégration républicaine s'est mué en une machine à fabriquer de l'exclusion.
C'est triste, mais c'est une réalité, une réalité qui de toute évidence n'a pas été suffisamment bien cachée à tous ces jeunes dont on dit qu'ils ne veulent rien comprendre...
A notre tour de comprendre, la violence dans ces quartiers, mais aussi les quartiers eux-mêmes. Certains ont désormais 30 ans, c'est dire qu'ils en ont vus des mômes courir dans leurs allées décrépies.
Au fil des générations, des codes se sont transmis, qui leur sont propres, et qui leur ont imprimé une identité presque imperméable désormais aux gens de l'extérieur. Un langage, une manière de s'habiller, une façon de se comporter, un monde étranger, à 5 minutes des quartiers résidentiels, mais qui fait peur...
Ces codes sont basés sur deux notions essentielles à quiconque est issu d'un quartier, comme le faisait encore remarquer un journaliste du Monde je crois : l'honneur et la réputation. Il faut bien comprendre ça. Visiblement, Sarkozy n'en est pas là ; quand il parle de racaille ou de karscher, il s'en prend à l'honneur des quartiers ; crime suprême. Ces derniers doivent alors sauver leur réputation ; qu'est ce que la réputation, que ce soit pour un jeune de quartier comme pour George W. Bush ? C'est de dire : ah tu veux me casser les couilles ? Eh ben moi, j'te prends et j'te nique ta mère ! Et la réputation, il faut la défendre devant Sarkozy et les honnêtes citoyens ( venez pas nous faire chier ), mais surtout devant les autres cités ( on est plus chauds que vous, on en a brûlé 150 ).
On parlait de prison, mais à quoi ça rime pour un jeune de cité ? Son frère ou son pote y a été ou y est peut-être encore ; ça fait partie du quotidien, c'est quasiment banalisé. Et puis que valent 3 mois de prison, en regard de la réputation capitalisée en y effectuant un séjour ?
Alros quoi ? Leur supprimer les allocs ? C'est un contresens quand on considère que ces allocs sont justement un cache misère. Dire : "si vous rentrez pas dans le rang, on vous supprime les allocs", c'est avouer que ce petit pécule qu'on leur jette n'est pas une marque de solidarité, mais simplement une façon d'acheter leur silence et de ne pas s'attaquer au fond du problème, qui est social. La prison n'est évidemment pas une solution, et puis c'est vrai, il n'y a pas de place. Et pourtant il faut sanctionner ; et moi je pense même qu'il faut profiter de ce qu'on a ramassé des centaines de jeunes parmi les plus désespérés et énervés pour agir directement sur eux. Quelque chose du style TIG avec accompagnement réalisé de façon intelligente, même si ça coute un peu d'argent ( mais c'est tout à fait faisable avec quelques centaines de jeunes ), serait une façon de rendre une justice efficace et utile pour leur transmettre d'autres valeurs.
Mais dans le fond, c'est toute une façon d'organiser la société qui est à revoir, afin que chacun soit convaincu de ce que les dés ne sont pas pipés, que chacun ait véritablement sa chance. Notre société vit sur le chômage ; comment dans ces conditions le combattre efficacement ? Bien sûr, le gosse de 13 ans qui balance un cocktail molotov n'est pas au chômage ; mais son frangin y est, son père aussi. Va lui dire : "retourne à l'école pour trouver un boulot !" ; dans un pays où 3 millions de personnes n'en trouvent pas, dans un quartier ou 50 % d'une classe d'âge est au RMI, c'est véritablement indécent.
Et c'est vrai aussi que certains issus de l'immigration parviennent malgré tout à s'en sortir ; mais ceux-là aujourd'hui servent-ils d'exemples à leurs compagnons de quartiers, ou simplement de justification, récupérés par une société inégalitaire, à poursuivre à marche forcée dans une voie qui en laisse des centaines de milliers d'autres sur le bas-côté ?
Bon allez, j'espace.
ps : pour les suisse et les passionnés de géographie comme Blachou :