Allez, je me lâche... j'ai confiance !
#1
Posté 23 mai 2007 - 00:01
Encore convient-il de souligner, ou plutôt de rappeler, que le communisme n’est pas né en Russie en tant que projet de société, mais en France dans les prolongement de la Révolution française.
Garaudy, en son temps, quand il était encore membre du PCF et y exerçait des responsabilités, avait édité un ouvrage qu’il avait intitulé : "Les sources françaises du socialisme scientifique ", car il se qualifiait encore de cette façon à cette époque. D’ailleurs Marx lui-même avait souligné que ce qu’il avait refusé d’appeler le marxisme avait trois sources : au plan politique le socialisme/communisme français, au niveau philosophique la philosophie allemande, notamment celle de Hegel ( la dialectique ) et l’économie politique anglaise, notamment Smith et Ricardo.
C’est donc en quelque sorte un "accident de l’histoire" si cela semble se concrêtiser en Russie, je dis "semble" parce que aucune condition ne semble réalisée pour ce faire, à commencer parce que c’est un pays qui sort à peine du servage et de l’arrièration, qu’il n’y a pas de classe ouvrière ou qu’elle est très minoritaire et qu’elle sera décimée par la Révolution et ses affrontements... Au fond, l’échec final n’était-il pas dans ces conditions initiales ? Je pense que l’on n’a pas fini d’en discuter !
Par contre, 1920 et le Congrès de Tours en France, ce n’est pas fortuit. Il y a ce mouvement de fond qui vient de la fin du 18eme siècle, se développe ( mais pas de façon linéaire ) tout le 19eme et qui va se concêtiser dans la création du PS avec deux grands courants en son sein, pour schématiser Guesde et Jaurès car c’est beaucoup plus complexe. Que ces deux courants se séparent en 1920 à la faveur de ce qui s’est passé en Russie, c’est plutôt l’opportunité, le facteur déclenchant d’un aiguisement des luttes internes consécutives à l’intensité des débats relatifs aux causes de la guerre de 1914/1918 et aux positionnements de la social-démocratie en l’occurence, ralliée dans chaque pays aux intérêts des bourgeoisies nationales.
Bien évidemment, ces conditions concrêtes internes ont par la suite été occultées, voire subordonnées, à ce qui se passait en Russie, puis en URSS. Combien de situations favorables à des changements ont-elles été ignorées sciemment !
Par exemple, les opportunités offertes à la Libération ne sont-elles pas bridées par les accords de Yalta, en fait le partage, notamment de l’Europe, en "zones d’influence" qui interdiront jusqu’en 1989 les évolutions propres à chaque pays, y compris en France ?
Par exemple encore, les potentialités du mouvement de 1968 ont-elles trouvé leur exutoire normal dans les seuls acquis sociaux mêmes si ces derniers n’ont pas été négligeables ? Si les acteurs populaires de ce mouvement avaient véritablement trouvé satisfaction dans ces résultats, pourquoi auraient-ils considéré utile de sanctionner "la gauche" et plus particulièrement le PCF qui l’a été très sévèrement aux élections qui ont immédiatement suivi ?
Certes, on ne refait pas l’histoire avec des "si" mais il convient de chercher à comprendre les ressorts et les motivations des acteurs à ces différentes époques et pourquoi l’histoire a pris tel ou tel cours et non point tel autre.
Cela étant, je considère que l’apport du PCF à la société française a été conséquent. Certes rien n’est jamais unilatéral, il y a eu des occasions ratées, des défauts, des erreurs, mais se sont les peuples qui font l’histoire et non les partis ou les forces politiques. Le potentiel de confiance qui est longtemps manifesté au PCF par le peuple français, au moins jusqu’en 1981, est le témoignage de la reconnaissance de son utilité.
Pourquoi alors le phénomène de son affaiblissement s’enclenche-t-il ? En fait s’il a su toute une période et à des moments cruciaux être en phase avec le peuple français, ses besoins, ses aspirations, ce n’est plus le cas dès avant 1958 où il ne pressent pas les changements qui interviennent dans la société française. En 1958, les Français plébiscitent le retour de de Gaulle et aux élections de novembre 1958, le PCF se retrouve avec 10 députés.
En 1968, en juin, dans le prolongement de ce que j’ai dit, il a 34 élus. Il a annoncé que le programme commun pour lequel il se battait déjà depuis plusieurs années n’étant pas signé il n’y avait pas de politique de changement alternative, à un moment il fallait en conséquence cesser le mouvement de grèves, d’occupation des usines et lieux de travail et de manifestations et reprendre le travail en engrangeant le maximum d’acquis sociaux.
Malgré l’avertissement fort qu’a constitué le résultat des élections et qui manifestement n’est pas compris, le PCF va désormais mettre tous ses espoirs dans une seule stratégie, celle que l’on nomme du "programme commun" dont la signature intervient en juillet 1972, après que le Comité Central de l’époque se soit longuement et fortement interrogé pour savoir s’il fallait le ratifier ou non , ce qui est significatif des craintes qui pouvaient à juste titre être perceptibles.
Pour l’essentiel, la signature va offrir une sorte de virginité politique au PS qui s’était discrédité tout au long de la 4eme République et lors des débuts de la 5eme avec un sommet aux élections présidentelles de 1969 et le désastreux résultat de Gaston Defferre, alors que Jacques Duclos sauve brillamment la mise pour le PCF. François Mitterrand ne "mégotte"pas pour gauchir son langage.
N’a-t-il pas déclaré alors qu’il fallait "rompre avec le capitalisme" ? Mais quelques semaines plus tard au Congrès de Vienne de l’Internationale socialiste, il explique aux responsables des autres PS qu’il a signé le programme commun dans l’espoir et avec l’objectif de "piquer" trois à quatre millions d’électeurs au parti communiste !
De fait, aux présidentelles de 1981, Mitterrand et le PS, pour la première fois depuis la Libération, passent devant le PCF et son candidat Georges Marchais, et l’engrenage de l’affaiblissement va se poursuivre quand Mitterrand abandonne très vite le contenu du programme commun en déployant ce qu’il appelle "la pédagogie du renoncement" pour passer à un social-libéralisme qui est alors dans l’air du temps et qui va permettre au PS de renouer avec son rôle et ses traditions de "meilleur serviteur" du capitalisme tel que Blum l’avait claironné en son temps.
Dès lors, le PCF n’a pas su, voulu, ou pu élaborer une stratégie qui lui permette de sortir de cette situation connue comme celle de "l’union de la gauche" dans laquelle, bon gré, mal gré, il s’est enfermé et qui l’a amené, par sa participation à différents gouvernements de "gauche" à cautionner cette politique du PS, à cesser progressivement d’exprimer les besoins et aspirations des couches populaires, le summum ayant été atteint avec la participation au gouvernement Jospin, très sévèrement sanctionné en 2002.
Aussi il m’apparaît que le moment principal de la "rupture" pour le PCF, c’est l’élection présidentielle de 1981 comme concrêtisation de la signature du programme commun en 1972.
Certes, la disparition de l’URSS dans ce contexte n’a rien arrangé mais je suis persuadé que les causes principales de l’évolution du PCF se trouvent dans les contextes internes à la société française et dans la politique et la stratégie qui ont été celles du PCF dans ces situations, jusqu’au moment où la "direction" a décidé de faire disparaître le PCF comme acteur de la dernière campagne électorale mais de lui en faire endosser les résultats, ce qui est en quelque sorte un comble de la perversité politique.
Alors, d’accord avec toi, la lutte des classes n’a pas disparu, le capitalisme non plus, ni en conséquence la nécessité d’aller vers l’appropriation sociale de l’essentiel des moyens de production, d’échanges et établissements banquiers et d’assurance pour donner une pleine souveraineté aux travailleurs qui sont aujourd’hui la quasi-totalité de la population active française pour faire disparaître les exploitations, les aliénations, les dominations et les émanciper. Je pense en conséquence que l’existance en France d’un véritable parti communiste de notre temps est toujours plus indispensable pour aider ce peuple à en trouver les voies et les moyens. La France de ce début du 21eme siècle n’est pas la Russie de 1917. Elle est un pays développé, riche, un des plus riche, avec un peuple instruit et maîtrisant les technologies les plus avancées, un pays qui dispose des moyens matériels de production pour assurer la prospérité, le bien-être de tous dès lors que le capitalisme financier le plus prédateur cessera de "pomper" pour sa reproduction et ses profits, qu’il ne réinvestit plus pour l’essentiel dans l’économie et la satisfaction des besoins humains, l’essentiel des richesses produites avec comme conséquence directe et immédiate une misère et une pauvreté de masse qui ne sont pas le moindre des paradoxes de cette société dominée par ce système qui développe les inégalités, les injustices, les frustations en tout genre.
Le peuple français a une longue tradition de luttes progressites et émancipatrices. Lecteur de Fernand Braudel, je pense que ce qui s’est construit dans la longue durée de l’histoire française ne peut "s’évaporer" le temps d’une élection, fut-elle présidentelle.
J’ai confiance !
http://unautremonde....hepopulaire.fr/
#2
Posté 23 mai 2007 - 08:15
#3
Posté 23 mai 2007 - 08:32
#4
Posté 23 mai 2007 - 09:28
L'allusion finale à Fernand Braudel me rapelle en plus mes cours d'historiographie.
Courage, fuyons.
#5
Posté 23 mai 2007 - 09:42
La vache, moi qui n'était toujours pas revenu du stade de France, ça fait un choc !
#6
Posté 23 mai 2007 - 10:18
(2nd degré....................)
#7
Posté 23 mai 2007 - 18:13
La vache, moi qui n'était toujours pas revenu du stade de France, ça fait un choc !
c'est sur que le foot ça demande un effort de réflexion disons... moindre... Mais quand tu seras revenu du stade de france et que le droit de grève n'existera plus, la sécurité sociale ne fonctionnera que pour ceux qui ont de la tune, que le code du travail sera démantellé, que la liberté d'expression et la liberté de la presse seront définitivement un lointain souvenir ....tu verras ça te fera un choc aussi ....
#8
Posté 23 mai 2007 - 18:23
La vache, moi qui n'était toujours pas revenu du stade de France, ça fait un choc !
c'est sur que le foot ça demande un effort de réflexion disons... moindre... Mais quand tu seras revenu du stade de france et que le droit de grève n'existera plus, la sécurité sociale ne fonctionnera que pour ceux qui ont de la tune, que le code du travail sera démantellé, que la liberté d'expression et la liberté de la presse seront définitivement un lointain souvenir ....tu verras ça te fera un choc aussi ....
Je peux mettre des cocos à la place du gazole? On peut aussi les recycler en boules de cocos, en italie, ils en vendent sur les plages et ça s'appelle des "cocos bellos"...
fini pour moi...
moins de 2%
#9
Posté 23 mai 2007 - 18:36
Elle est bien bonne celle là!! J'imagine que c'est une blague, en tout cas, ça me fait trop délirer!! Evidemment tout le monde sait que sous les régimes communistes, la liberté de la presse et d'expression est totale. Et ceux qui parlent des journalistes emprisonnés à Cuba, en Chine et lesmillions de types à se retrouver au Goulag pour avoir ouvert leur gueule ne sont que de méchant ump fachistes qui regardent TF1 et qui ne connaissent rien!
B.E.ELLIS
#10
Posté 23 mai 2007 - 18:38
La vache, moi qui n'était toujours pas revenu du stade de France, ça fait un choc !
c'est sur que le foot ça demande un effort de réflexion disons... moindre... Mais quand tu seras revenu du stade de france et que le droit de grève n'existera plus, la sécurité sociale ne fonctionnera que pour ceux qui ont de la tune, que le code du travail sera démantellé, que la liberté d'expression et la liberté de la presse seront définitivement un lointain souvenir ....tu verras ça te fera un choc aussi ....
c'est vrai que le communisme a toujours été un parfait exemple de liberté ( d'expression, travail et greve)!
#12
Posté 23 mai 2007 - 20:54
Et puis wouiince ne défendait pas la thèse d'un état français communiste d'après ce que j'ai lu, mais il défendait plutôt l'idée que les idées communistes soient représentées en France, afin de faire pencher la balance un peu plus à gauche, et je ne pense pas que ce soit une mauvaise idée...
Quand on voit ce que le capitalisme poussé à l'extrême a apporté outre-atlantique, surtout le système de santé (A ce sujet, le dernier Michael Moore à voir), on est en droit de se demander si l'on risque pas la même chose en France quand on connait l'atlantisme de certains membres du gouvernement..
#13
Posté 23 mai 2007 - 21:00
#14
Posté 23 mai 2007 - 21:07
Et puis wouiince ne défendait pas la thèse d'un état français communiste d'après ce que j'ai lu, mais il défendait plutôt l'idée que les idées communistes soient représentées en France, afin de faire pencher la balance un peu plus à gauche, et je ne pense pas que ce soit une mauvaise idée...
Quand on voit ce que le capitalisme poussé à l'extrême a apporté outre-atlantique, surtout le système de santé (A ce sujet, le dernier Michael Moore à voir), on est en droit de se demander si l'on risque pas la même chose en France quand on connait l'atlantisme de certains membres du gouvernement..
OUF merci j'ai cru que je ne parlais pas français pendant un moment
#15
Posté 23 mai 2007 - 21:13
#16
Posté 23 mai 2007 - 21:18
Il manque le paragraphe sur le front populaire je crois.
Sinon, bien sur, ce que tu dis n'est pas faux, mais je crois que tu sous-estimes le rapport entre PCF et stalinisme, en tout cas dans les représentations des Français. En 1981, beaucoup de gens craignaient de voir débarquer l'armée rouge.
Ainsi, quand on parle du PCF, il est quand même difficile de ne pas en replacer l'histoire dans son environnement international. Non ?
#17
Posté 23 mai 2007 - 21:51
C'est toi ou bien un certain Michel Peyret, qui fut en son temps député communiste de Bègles, qui a écrit cette analyse (fort bien construite par ailleurs)...???
Il m'a semblé l'avoir lue, mot pour mot, il y a quelques temps sur le net...
Source des données : Insee
(Mis à jour le 20 septembre 2008)
#18
Posté 24 mai 2007 - 09:29
Et puis wouiince ne défendait pas la thèse d'un état français communiste d'après ce que j'ai lu, mais il défendait plutôt l'idée que les idées communistes soient représentées en France, afin de faire pencher la balance un peu plus à gauche, et je ne pense pas que ce soit une mauvaise idée...
Quand on voit ce que le capitalisme poussé à l'extrême a apporté outre-atlantique, surtout le système de santé (A ce sujet, le dernier Michael Moore à voir), on est en droit de se demander si l'on risque pas la même chose en France quand on connait l'atlantisme de certains membres du gouvernement..
+ 1
#19
Posté 24 mai 2007 - 09:39
Il me semble ne pas t'avoir attendu ici pour expliquer les raisons pour lesquelles j'étais anticommuniste primaire, secondaire et tertiaire. Il est trop simple de dire que le communisme et le stalinisme sont deux choses totalement indépendantes et que tous les régimes dictatoriaux précités n'ont rien à voir avec le communisme. Le communisme ne peut qu'engendrer le stalinisme, comme le nationalisme ne peut qu'engendrer le fascisme. Vouloir mettre en oeuvre une politique ou une société à laquelle une majorité de citoyens est opposée ne peut se faire que par la force. A partir de là, tout est joué d'avance..
Et je m'arrêterai là, non seulement parce que je ne voudrais pas dépasser le nombre de pages du topic mercato, que tous les arguments des deux camps ont déjà été exposés ici depuis belle lurette et qu'on ne ferait que tourner en rond en attendant d'en arriver au point de "jenesaispluqui" (quand inévitablement on en arrive à parler d'Hitler et des nazis), et puis surtout parce que ce débat est caduque, et qu'on ferait tout aussi bien de disserter sur l'origine de la disparition des dinosaures. Enfin, si ton objectif est de venir faire de la propagande pré-législative pour le PC, je crains que tu ne te trompes de forum. La politique, on a déjà bien donné avec les topics sur les présidentielles et ça n'a pas plu à tout le monde...
#20
Posté 24 mai 2007 - 09:48
Ahr !! les gueux, ont devrait leur faire payer la dîme et la gabelle, on ne devrait pas leur donner un emploi mais des servitudes !!!
#21
Posté 24 mai 2007 - 10:20
#22 Invité_David besançon_*
Posté 24 mai 2007 - 10:25
Caduc
10 fois.
Le débat est un garçon (c'est la démocratie participative qui est une fille).
#23
Posté 24 mai 2007 - 10:27
caduc
caduc
caduc
caduc
caduc
caduc
caduc
caduc
caduc
ça me choque visuellement, t'es bien sûr ?
#24 Invité_David besançon_*
#25
Posté 24 mai 2007 - 10:55
#26
Posté 24 mai 2007 - 10:59
Bref c'est touchant de voir des gens s'imaginer naïvement que le communisme n'est pas mort en 2007.
B.E.ELLIS
#27
Posté 24 mai 2007 - 11:01
Le gros hic disais-je c'est que l'ensemble des acquis sociaux obtenus après des luttes patron/ouvriers dont nous profitons aujourd'hui semble à nous tous inataquables, et que personne ne pourra revenir dessus. Qu'aucun gouvernement ne prendra le risque de dire : "allez hop on revient a 3 semaines de congés payés" ou bien "la sécu cela coute trop cher à l'Etat que chacun se démerde" ou encore "bon les hopitaux publics ne sont pas rentables ont refile tout au secteur marchand".
je ne pense pas que cela en soit là mais quand on voit qu'au bout de 15 jours de présidence Sarkozy ont vient de nous annoncer par circulaire que les bureaux de la pref s'occupant de l'Etat civil seront maintenant fermé au public, donc demande de carte d'identité ou de passeport uniquement en mairie ou par boite postale, ben je me dis qu'on est bien partis.
Droit au Bus
#28
Posté 24 mai 2007 - 11:21
Bref c'est touchant de voir des gens s'imaginer naïvement que le communisme n'est pas mort en 2007.
JE l'ai lu en entier et d'une traite !!!
en aucun cas ennuyeux et certainement pas déplacé, le troquet n'est-il pas le lieu où l'on peut discuter de tout et avec tout le monde voire avec n'importe qui !!!
#29
Posté 24 mai 2007 - 17:42
Et le capitalisme ? Et le libéralisme ?
#30
Posté 24 mai 2007 - 18:08