Le radar de Montancy affine les prévisions
Avec la mise en service prochaine du radar de Montancy, sur les hauteurs frontalières de Saint-Hippolyte, Météo-France parachève le réseau Aramis de prévisions hydrométéorologiques à court terme en vue de renforcer la sécurité des personnes et des biens face aux risques climatiques.
Et de 24 ! Le radar que Pierre-Étienne Bisch, PDG de Météo-France est venu inaugurer, jeudi en fin d’après-midi, au point culminant de la petite commune de Montancy, sur une crête du Jura frontalier surplombant la vallée du Doubs, entre Porrentruy et Saint-Hippolyte, est le dernier d’une série de vingt-quatre appareils qui composent le réseau national Aramis, dont six de dernière génération installés dans le cadre du programme Panthère (Programme Aramis Nouvelles technologies hydrométéorologiques extension et renouvellement) pour la prévision des risques liés aux inondations.
Détecter un nuage à 300 kilomètres
Ce dernier programme a pu être formalisé grâce à la signature, en 2002, d’une convention cadre entre Météo-France, d’une part, et la Direction de l’Eau du Medad (Ministère de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables), d’autre part, pour la période 2001-2006.
Doté d’une technologie de pointe, le radar de Montancy est capable de détecter un nuage à 200 km à la ronde et d’en mesurer le volume d’eau et sa nature (grêle, pluie, neige) dans un rayon de 100 km. On imagine aisément les avantages que procure un tel outil dans la prévision météorologique.
« Ce type de radar permet une météorologie opérationnelle, dans la journée même, avec des données en temps réel », souligne Pierre-Étienne Bisch devant un parterre d’invités et de partenaires.
En outre, pouvoir prévoir la hauteur de la « lame d’eau », autrement dit l’incidence des précipitations en terme de montée des eaux d’une rivière ou d’un fleuve est d’une importance capitale pour les services et les autorités, à commencer par les préfets, chargés d’avertir les populations en cas de crue, s’est félicité le sous-préfet de Montbéliard. Ainsi, si ce radar, qui sera raccordé dans le courant du mois de septembre au réseau national avait été en service au cours de l’été, nombre de riverains des rivières et ruisseaux en crue le 8 août dernier auraient été avertis à temps du risque d’inondation et auraient pu mettre leurs biens à l’abri. Mais cela ne leur aurait pas épargné de se retrouver avec les pieds dans l’eau.
Cette possibilité d’intervenir en amont d’une crue imminente est bien entendue rendue possible grâce à la collaboration entre les spécialistes de la prévision météorologique et les services hydrologiques, qui, pour leur part, ne cessent d’affiner leurs connaissances des cours d’eau. Cette coopération a abouti en 2003 à la création du Service central d’hydrométéorologie et d’appui à la prévision des inondations (Schapi).
Le radar de Montancy, dont la première pierre avait été posée le 31 mai 2006, est situé à 900 m d’altitude et la proximité de la Suisse permettra à la Confédération helvétique, qui a participé au financement du projet (coût total : 2,45 M cofinancés par l’État (Medad) Météo-France, MétéoSuisse et l’Union Européenne), de bénéficier des résultats des données traitées par le centre de Toulouse. L’emplacement a été choisi avec soin pour offrir à l’appareil un périmètre de détection optimal.
Cependant, M. Pierre-Étienne Bisch reconnaît que « la proximité d’une ferme à éoliennes générant des forts échos fluctuants, pourrait perturber les mesures des précipitations et les mesures de vent sur la zone concernée ». C’est pourquoi des discussions sont en cours avec les promoteurs du parc de quinze éoliennes en cours d’édification sur la crête du Lomont entre L’Isle-sur-le-Doubs et Sancey-le-Grand (notre édition de jeudi).
Car le site de Montancy, affirment les responsables, offre le meilleur compromis possible en terme de localisation pour desservir les bassins soumis à des crues rapides et à des enjeux socio-économiques importants, à savoir les versants amont de Belfort et de Vesoul, les bassins versants amont de la Meurthe et de la Moselle et de la Loue, les bassins versants de la Seille et les versants amont de la Meuse ainsi que les secteurs suisses identifiés par MétéoSuisse.
Perturbations éoliennes…
Estimé à 150 000 par an, le coût de fonctionnement de ce radar sera supporté par Météo-France. Son PDG, heureux que la météo fasse partie désormais des informations importantes de la vie quotidienne, affirme que « c’est dans les prévisions à court terme, qu’il y aura des progrès à faire ! »
Source : LePays