Posté 18 octobre 2020 - 10:38
Le droit à la défense est total et absolu, ou il n'est pas.
Espérer cyniquement et égoïstement le retour d'un joueur pour son nombril sportif après lui avoir réfuté le droit de se défendre sur un geste éminemment condamnable et qui doit être puni, en dit encore une fois long sur la conception de la démocratie à géométrie variable de celui qui formule cet espoir.
Si le geste de Thioune est "indéfendable" jusqu'à retirer au joueur le droit de formuler la chaîne de provocations, mots, insultes et la nature de celles-ci ayant entraîné cette réaction grave et primaire, alors il faut être cohérent et estimer comme un forumeur ci-dessus le licenciement du joueur, et non pas espérer qu'il revienne contribuer à notre montée dans 6 mois. Au moins lui est cohérent.
La justice, ce n'est pas punir quelqu'un et le réintégrer sans lui avoir laissé l'occasion de s'expliquer, ce qui n'implique en aucun cas une minimisation de la gravité de son geste, mais simplement un jugement impartial et complet de la situation, et pas la seule vérité d'une image et d'une partie.
Je considère que Thioune doit prendre cher pour ce geste, 8 matchs dirais-je. Mais je ne le jugerai pas moralement de la même manière en sachant que son opposant était lui-même entré dans un rapport de testostérone, ou s'il l'a attaqué de manière totalement gratuite.
La justice, c'est aussi cela. Et tous deux qui expliquent que Thioune est "indéfendable" me font peur, parce que tout le monde a le droit a une défense, même quand ça pique sérieusement notre morale et nos convictions. C'est ainsi que se construit une civilisation.
Quand, en plus, s'ajoute à cette perception une visée mercantile cynique consistant à "espérer" qu'il revienne pour nous faire gagner, c'est symbolique de ce qu'est la fange de notre société, la mousse qui se greffe entre les pavés supposés solidifier la route sur laquelle nous évoluons. Mais là aussi, c'est cohérent. Cohérent avec le strabisme idéologique de son auteur et qui n'est qu'une diarrhée d'idées lues sur Wikipedia et mal digérées, et dont on se surprendra, face à sa capacité pavlovienne à qualifier son interlocuteur de "raciste" sous prétexte que celui-ci a critiqué la performance sportive d'un joueur noir, qu'il réfute à un joueur supposément victime d'insultes véritablement racistes, de formuler une défense et de bénéficier donc d'un poil de circonstances atténuantes dans la manière dont, collectivement, nous devrions interpréter son pétage de plombs.
Il est toujours aisé de clamer sur un forum internet ou sur les réseaux sociaux que l'on fait partie du camp du Bien, en se contentant de distribuer les bons et les mauvais points du racisme ou du sexisme à la moindre nuance. On constate que cette mousse se fracasse sur la réalité des faits et que lorsqu'il s'agit d'être présent face à un cas précis, les encroutés des l'indignation facile et les répondeurs automatiques des évidences se carapatent parce que, oui, "mordre c'est mal", comme s'il fallait user d'une énergie quelconque pour conclure d'un tel état de fait.
"Hé camarade, si les jeux sont faits, au son des mascarades on pourra toujours se marrer !"